LES ARCHITECTES (1454-1647).
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étaient couverts, on le sait, de vignobles en plein rapport. Moins de deux-ans après cette première donation, presque à la veille de la mort -de ieur maltre, le 17 juin 1578, Janvier et Dumont rece­vaient une nouvelle libéralité consistant en un ' arpent et demi de vigne, en deux pièces, situé également à Vanves, Issy et environs, dont Lescot se réserve toutefois l'usufruit sa vie durant. Cette clause n'eut pas d'effet, puisque le io septembre suivant, le donateur avait cessé de vivre.
Autre donation de mille livres tournois de rente, rachetable pour la somme de douze mille livres, en faveur de Claude Lescot, seigneur de Breulles, neveu du donateur, à l'occasion du mariage récemment par lui contracté avec Françoise Le Sel­lier, fille de Claude Le Sellier, écuyer, seigneur de Saint-Amand, et de Françoise de Wignacourt. Le contrat', daté du 5 décembre 1576, est insinué au Châtelet deux jours après.
Par un autre acte, daté du 16 juin 1578, insi­nué le 19, contemporain par conséquent de la deuxième donation faite en faveur de ses domes­tiques , Pierre Lescot a transféré à un autre neveu, portant comme lui le nom de Pierre, seigneur de Lissy, conseiller ad Parlement et commissaire des Requêtes du Palais, ia propriété des immeubles suivants : une maison sise à Paris, rue Trousse­vache, occupée par un boulanger; une autre mai­son, rue Saint-Sauveiir, ayant pour enseigne la Corne de Daim, louée à un nomine Jean Perron. Cette donation comprend en outre cinq cents livres tournois de rentes constituées sur l'aide et impôt de 5 sols par muid de vin sur les villes de Lyon, Tours, Rouen, Caen, etc., lesdites cinq cents livres restant de 15oo livres, dont le surplus avait été donné à Claude Lescot, seigneur de Breulles, éga­lement neveu de notre architecte. Aux immeubles parisiens et à la rente de 5oo livres susénoncés sont encore joints sept arpents de pré ou environ en la prairie de Gournay, trois arpents.de vigne, en plusieurs pièces, assis au terroir de Sucy-en-Briè, avec vingt sous tournois dè rente annuelle, due par un habitant de Saint-Denis non désigné, letout sous réserve de l'usufruit au donateur sa vie durant.
Le jour même de la précédente libéralité (16 juin 1578), Pierre Lescot qui sentait proba­blement ses forces décliner (et cependant s'il était
(I) Le château de Clagny et Madame de Montespan, d'après le! par Pierre Iîosnassiecx. Paris. Picard, 1881 , pet. in-8°, plane
né en i5i5, il aurait eu soixante-trois ans seule­ment) confirme à soii neveu Claude et à sa femme le don de mille livres de rente, consenti en 1576; il y joint une maison, cour et jardin, avec cinq arpents de vigne ou environ, en plusieurs pièces, assis au village et terroir de Rueil en Parisis, tou­jours sous Ia réserve de l'usufruit au donateur sa vie durant, comme dans les précédentes donations. D'après ce dernier acte, les quinze cents livres de rente, objet du contrat de donation, avaient été échangées contre une maison que le seigneur de Clagny possédait rue Saint-Honoré et qu'il avait cédée à Guy de Saint-Gelays, seigneur de Lanssac. Notre architecte avait su amasser, les actes qui viennent d'être analysés.le prouvent bien, une assez grosse fortune. S'il en disposait généreusement de son vivant, il en gardait du moins l'usufruit jusqu'à son dernier jour. Nous voyons défiler dans les actes suivants Ies différents héritiers du sieur de Clagnyl Ces documents complètent l'arbre gé­néalogique des Lescot, publié par M. Pierre Bon-' nassieux (1). L'auteur signale bien les deux neveux, Pierre, seigneurde Lissy, conseillerai! Parlement, et Claude, seigneur de Breulles, qui bénéficièrent l'un el l'autre de la générosité de leur oncle; il cite aussi leur sœur, Marie Lescot, religieuse h Chelles ; mais il ne paraît pas connaître l'existence de celte Marguerite, mariée en 1557 au sieur Claude d'Aussienville. Quant à l'aîné des frères, Léon Lescot, s'il ne reçut pas du vivant de son oncle uné partie des biens que celui-ci possédait à Paris et dans les lieux environnants, il ne fut pas oublié. Uri testament, daté également du 17 juin 1578, le nommait légataire universel. Ce testa­ment, M. Pierre Bonnassieux a eu la bonne for­tune de le découvrir dans les dossiers des Archives Nationales et il l'a publié dans son excellent petit volume sur le château de Clagny; mais comme cet ouvrage est en somme peu répandu, nous croyons nécessaire de rappeler ici les dispositions prin-' cipales de cet acte. Leur connaissance est néces­saire pour expliquer les documents réunis ici. Déjà, le testateur semble pressentir des dissenti-, ments possibles entre deux de ses héritiers, Léon, sieur de Landrode, et Pierre, sieur de Lissy. Le pre­mier, en sa qualité d'aîné, avait déjà reçu avant la mort de son oncle la seigneurie de Clagny, peut­être aussi ses droits sur l'abbaye de Clermont. 11
i documents originaux, histoire d'un quartier de Versailles,